Créer un jeu en 48 heures dans une gamejam

Le 24, 25 et 26 janvier derniers c’était l’Edugamejam du CRI à Paris ! Et avec l’équipe de Petits jeux culturels, on s’est fait un petit weekend là-bas . C’était la première fois qu’on participait à une gamejam et on vous fait les retours dans cet article !

Une gamejam c’est quoi ? C’est un moment très intense de création de jeux. Gamejam ça veut dire « improvisation de jeux ». Tout le monde est libre de venir, ça se fait généralement sur deux ou trois jours. Et en équipes on doit créer un jeu dans ce temps très très limité.

C’est un vrai challenge ! C’est parfait pour booster sa créativité en termes de conception de jeux et se tester. Mais aussi pour rencontrer d’autres personnes qui ont la même énergie et les mêmes envies. Bref, ce weekend on s’est vraiment fait plaisir.

Et l’Edugamejam de Paris est aussi particulière car il s’agit de faire passer des notions pédagogiques par le jeu ! Exactement le genre de choses que l’on souhaite développer dans l’équipe de Petits jeux culturels !

Je vous raconte tout !

1. La découverte du thème de la gamejam

Dans une gamejam, il y a des contraintes. Dans l’Edugamejam de Paris, on doit par exemple faire passer un message dans le jeu que l’on créé. Et cette année la thématique était les stéréotypes de genres. C’est un sujet actuel et qui s’inscrit dans le cinquième objectif de développement durable des Nations Unies : égalité des sexes.

La thématique, c’est la première chose qui nous a été dévoilée, donc le vendredi soir. Et tout de suite, ils nous ont aussi donné la contrainte de la mécanique. Il fallait soit utiliser des données déjà produites par des études. Ou bien que le jeu réalisé permette de produire des données qui peuvent être utilisées dans de futures études sur le genre.

Et voilà maintenant nous n’avions plus qu’à nous débrouiller ! Il nous restait moins de 48 heures pour produire le jeu…

2. Se mettre en équipe

Participants de la gamejamL’équipe de Petits jeux culturels, c’est juste deux personnes. Alors il nous fallait trouver d’autres comparses pour l’aventure. Et c’est un moment super intéressant pour nous car les organisateurs de la gamejam nous ont laissé discuter entre tous les participants.

Les participants qui viennent sont d’horizons très variés. Pour l’Edugamejam de Paris, il s’agit principalement d’étudiants en game design, de professionnels du jeu, d’enseignants et de passionnés du jeu. Cette gamejam n’est pas orientée sur les jeux vidéo mais plutôt les jeux matériels : jeux de plateaux, jeux de cartes… ou humains : jeux de rôle, escape games… ou éventuellement hybrides avec une composante numérique mais qui n’est pas principale. Donc il y a moins de développeurs par rapport à d’autres gamejam.

Nous ne sommes pas du tout orientés dans les jeux vidéo à Petits jeux culturels, mais nous souhaitons vraiment travailler avec tous ces métiers : de l’enseignement, de la culture, de la pédagogie en général, et du jeu évidemment ! Nous adorons ce genre d’évènements car ils nous permettent de rencontrer beaucoup de gens qui ont les mêmes envies que nous. Et donc de partager nos tuyaux et d’en recevoir en retour.

Et puis notre équipe est venue assez naturellement. Nous avons mélangé les compétences. Ça c’est super important. Nous avions donc deux étudiants en game design, une graphiste, une enseignante, et les deux membres de Petits jeux culturels avec des compétences variées mais pas spécialisées. Et ensemble, nous voulions nous adresser aux classes de primaire, c’est comme ça que s’est rassemblé notre groupe. Par une envie commune et des compétences complémentaires.

3. La création du jeu

Brainstorming gamejamNous sommes samedi matin et il nous reste jusqu’à midi le lendemain dimanche pour créer notre jeu !

Alors là pas de recette miracle. Nous nous sommes assis en cercle et nous avons discuté pendant 10 heures d’affilées. Oui oui un brainstorming de 10 heures c’est possible apparemment.

D’autres ont pris des post-it et ont noté toutes leurs idées sur un mur et se sont mis à réfléchir autour. D’autres se sont carrément séparés pour réfléchir chacun dans son coin. Il y avait je crois 12 équipes différentes et donc 12 façons de faire une gamejam ! =)

Ce que nous avons fait n’est pas différent de ce que j’ai présenté dans un autre article sur les étapes de création d’un jeu de l’idée au prototype.

Dans notre groupe, nous avions pas mal de compétences en travail de groupe, et en organisation des idées. Deux de nos membres de groupe ont travaillé dans des domaines où l’organisation des idées est fondamentale ! Mais aussi en pédagogie avec l’enseignante qui était parmi nous. A ce niveau-là nous nous sommes super bien débrouillés.

Et nous avions de l’aide de mentors aussi, et ça c’est très important. Ce sont des personnes qui ont passé le weekend parmi les groupes et qui viennent de différents domaines de la pédagogie, de l’enseignement ou du jeu (Canopé, Game in Lab d’Asmodée, Sapiens, etc.).

L’objectif pédagogique

La première chose que nous avons cherché c’est notre objectif pédagogique et notre cible. Et pour le coup je pense que c’est super important dans la création d’un jeu. C’est ce qui va définir et cadrer tout ce qu’on va créer par la suite. Notre objectif nous l’avons trouvé assez vite, mais nous l’avons bien défini seulement à la fin de la première journée ! En vrai ça prend du temps de savoir ce qu’on veut exactement.

Heureusement, en même temps nous parlions du jeu et de ses mécaniques. Nous avons par exemple très vite émis l’idée de ne pas avoir comme thématique du jeu le message pédagogique. Donc nous ne parlions pas de filles et de garçons mais de super-héros. Et en fait très vite ce n’étaient plus des super-héros mais des bonhommes en pain d’épice pour leur côté non genré.

Le graphisme

Elements de graphisme du jeuC’est là qu’intervient notre graphiste. En fait c’est elle qui nous a trouvé l’idée du bonhomme pain d’épice. Tout au long de notre réflexion sur le jeu, son rôle est très important. Parce que c’est elle qui matérialise nos idées. Il faut donc co-construire le jeu avec toutes les compétences dès le début de la chaîne de production. Dès l’idée. Car il ne faut pas oublier qu’il nous restait 24 heures pour réaliser notre jeu et en 24 heures, un graphiste ne peut pas tout faire non plus.

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Donc son rôle est très important. Elle nous a illustré tous nos caprices. Je les appelle comme ça parce que des fois c’était vraiment « et si on mettait à notre bonhomme pain d’épice un jetpack atomique ? Ou une jupe de l’hyperespace ? ». Bravo à elle, on s’est bien marrés et elle nous a fait des supers dessins. Des fois elle nous disait non quand même parce qu’en 24 heures on ne peut pas tout faire.

Le graphiste intervient sur l’illustration du projet mais pas que, c’est aussi lui qui nous donne des indications et des conseils sur le design industriel du jeu. C’est lui qui est capable de dire si matériellement c’est faisable ou quelles sont les meilleures solutions. Est-ce qu’on fait des tuiles hexagonales ou plutôt carrées ? Le graphiste, ou designer du coup, prend en compte les contraintes matérielles et l’usage de l’utilisateur.

Et ça même dans une gamejam on le voit. A la fin nous avions quand même une boîte de jeu complète avec un matériel de jeu et des règles écrites. Alors c’était un prototype évidemment, mais c’était jouable et c’est ce qui importait.

4. Présenter son jeu au jury de la gamejam

Le jeu Mission genderbreadReste donc la dernière étape car OUI il y a un jury en général dans une gamejam. Ça nous donne un petit challenge supplémentaire et une petite pression pour réaliser notre jeu.

Le jury était composé de professionnels du monde de la pédagogie, de la thématique abordée donc des stéréotypes de genre ou encore du monde du game design.

Nous avions 10 minutes pour présenter notre objectif, notre cible, et le jeu. Le mieux c’est de faire jouer le jury c’est sympa et ça détend mais en 10 minutes c’est compliqué.

Le jury note sur certains critères, notamment si notre message pédagogique passe effectivement dans le jeu proposé. Si le jeu est adapté à la cible choisie. Si c’est bien un jeu (c’est bête mais parfois on est tellement dans la pédagogie ou la thématique qu’on oublie à la fin du weekend qu’il fallait faire un jeu !) avec donc un but du jeu, des règles et de la frivolité ou du second degré. Mais aussi sur la qualité artistique et l’originalité.

Et bien n’empêche que nous sommes hyper fiers de vous annoncer que Petits jeux culturels a participé à la création d’un jeu qui a beaucoup plu à notre jury puisqu’il a reçu le prix « Enfants » !

La boîte de Mission Genderbread

Notre jeu s’appelle Mission Genderbread. Il s’adresse (principalement mais pas que) aux enseignants de l’école primaire ou aux associations qui souhaiteraient faire réfléchir des jeunes enfants de 8 à 10 ans sur les stéréotypes de genres. Chaque joueur est un Genderbread qu’il peut habiller d’accessoires (qui eux sont genrés) pour réaliser des missions de super-héros pour sauver son école. Le jeu et la discussion qu’il y a autour avec les jeunes et les animateurs du jeu permet de recueillir des données qui serviront à de futures études sur les représentations du genre chez les enfants de 8 à 10 ans.

Merci à toute notre équipe pour ce fabuleux weekend : Vincent Dargenne, Virginie Deram, Françoise Jacobée, Marie Mauger, Jérémy Juhel et moi-même.

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