Vous avez décidé de déscolariser un ou plusieurs de vos enfants et la pédagogie des apprentissages autonomes vous tente mais vous ne savez pas trop comment l’aborder. Bonne nouvelle, cet article est fait pour vous !
Je remercie d’ailleurs Sandrine et Christophe pour avoir lancé le sujet passionnant des apprentissages autonomes dans leur carnaval d’articles, vous pourrez d’ailleurs trouver en cliquant ici leur excellent article qui explique très bien ce que sont les apprentissages autonomes, comment ils fonctionnent et comment les mettre en place.
Et de mon côté, je ne vais pas reprendre ce qu’ils ont dit mais je vais compléter en donnant quelques idées d’activités qui me sont venues à l’esprit pour favoriser les apprentissages autonomes.
Mais d’abord…
(Un court) rappel de ce que sont les apprentissages autonomes
Pour expliquer assez rapidement, on parle souvent des apprentissages autonomes comme une des pédagogies possibles pour des enfants qui ne suivent pas la pédagogie plus classique de l’école. L’enfant, souvent déscolarisé ou dans une école spécialisée, apprend par lui-même. Il dirige son apprentissage qui n’est donc contrôlé que par lui.
Car chacun apprend à son rythme et à sa manière
Cette pédagogie défend le fait que chaque personne ne peut bien apprendre que si c’est elle-même qui a sollicité cet apprentissage. Un apprentissage non sollicité ne sera pas bien appris. De même, si nous interférons dans cet apprentissage, nous le ralentissons car chacun apprend à son rythme et à sa manière, à l’inverse de l’école qui impose le même rythme et la même méthode à toute la classe.
Car c’est plus motivant d’apprendre avec plaisir
Avec les apprentissages autonomes c’est l’occasion de donner à son enfant la possibilité non seulement d’apprendre à son rythme mais aussi d’apprendre ce qui lui sera utile. Et donc de faire ses propres choix. Ainsi il peut prendre plaisir à apprendre et donnera lui-même du sens à ses apprentissages. Car bien souvent à l’école, le problème est que les enfants ne comprennent pas l’intérêt de ce qu’ils apprennent.
L’important c’est le cadre riche et bienveillant proposé à l’enfant…
Pour autant, il ne s’agit pas non plus de laisser l’enfant se débrouiller tout seul sinon on ne parlerait pas de pédagogie. L’adulte est là pour proposer un cadre bienveillant et riche. Ce qui est important c’est que l’enfant ait accès à une multitude de possibilités. La variété attise la curiosité. Prenez un musée plein de petits cailloux qui ont tous la même forme et la même couleur… En 5 minutes c’est réglé. Prenez maintenant le même musée mais avec des formes, des couleurs et des matières plus incroyables les unes que les autres. Combien de temps allez-vous rester cette fois ?
…Et la grande attention qu’il faut lui accorder
Maintenant, retournons dans ce musée avec votre enfant. Voilà qu’au lieu de regarder les jolis cailloux il est pris d’intérêt par une fourmi par terre. Que faire ? Au-delà du fait que le musée n’apprécie pas particulièrement la présence des fourmis et que vous aurez probablement alors la chance de participer à une opération d’urgence de protection des œuvres contre ces dernières, qu’allez-vous donc faire ?
Choix 1 : tenter de capter l’attention de votre enfant coûte que coûte sur le caillou jaune d’à côté, à coups de questions disséminées çà et là censées attiser sa curiosité, puis d’injonctions plus agressives quand vous voyez que ça ne marche pas car après tout on a payé ce musée, les fourmis on les voit dehors.
Choix 2 : tant pis il a choisi les fourmis, c’est que les cailloux c’était probablement pas le bon moment, après tout il faisait beau et l’idée du musée avec les jolis cailloux c’était plutôt la vôtre que la sienne en y réfléchissant bien.
La bonne nouvelle c’est que si il regarde les fourmis par terre ce n’est pas que les cailloux ça ne l’intéressera jamais. C’est juste que là maintenant c’était pas le moment pour lui de s’intéresser aux cailloux. Simplement un jour pendant une ballade, là, voilà qu’il va poser plein de questions sur les cailloux et vouloir en faire une collection. La vraie bonne nouvelle c’est que le musée des jolis cailloux n’aura probablement pas changé d’adresse à ce moment-là…
Pour résumer
Vous l’aurez compris, des apprentissages autonomes réussis c’est :
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Un cadre riche et varié : ainsi pas la peine d’imposer
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Un accompagnement bienveillant : pour respecter les choix de l’enfant tout en faisant attention à freiner ceux qui pourraient lui être dangereux
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Ne pas insister : les apprentissages autonomes sont une des multiples pédagogies possibles, si elle ne convient pas à votre enfant ou même à vous, autant en choisir une autre
Et maintenant…
10 idées pour apprendre en autonomie
1/ Les jeux
Qui a dit qu’on ne pouvait pas s’amuser en apprenant ? Encore une bonne nouvelle pour les parents à court d’idées. Le premier cadre d’apprentissage riche et varié c’est celui de la maison !
Et à commencer par la pile de jeux de société. Les jeux entre frères et sœurs sont une bonne manière d’aborder certains apprentissages. Qu’ils soient au niveau du contenu, mais aussi au niveau du savoir jouer. Les jeux coopératifs (tous les joueurs ensemble contre le jeu) sont une bonne manière d’apprendre à jouer ensemble, à collaborer, à prendre en compte les autres. Et puis il existe une multitude de jeux éducatifs pour aborder de nombreuses notions, sans oublier les jeux de construction qui servent à tellement de choses : construire un chemin, faire une réaction en chaîne (vous savez les dominos qui tombent les uns sous les autres), ou simplement construire la plus grande tour…
Mais il ne s’agit pas de forcer à jouer non plus. Peut-être que pour apprendre les maths, votre bambin préfère résoudre des énigmes plutôt que de jouer à un jeu de société. Il est important d’être à l’écoute et de voir ce qui semble le plus approprié pour ses apprentissages. Car même si c’est lui qui indique ses choix, vous détenez encore le porte-monnaie. Et acheter un jeu qui ne servira jamais c’est dommage.
A quoi votre enfant joue-t-il le plus ? Apprenez à le connaître et à reconnaître ses goûts. On ne peut pas TOUT apprendre pas vrai ? Si votre enfant préfère les jeux de pompiers, c’est peut-être qu’il n’a pas envie de jouer au médecin. Tout comme l’adulte qui choisit ses études, et sa vie professionnelle, autant laisser l’enfant choisir ses jeux.
2/ Choisir une recette de cuisine
La cuisine aussi c’est amusant. Et les enfants adorent imiter les grands. Faire la cuisine en fait partie, pourquoi les priver ? Alors oui ce ne sera pas forcément bon dès la première fois mais avec un coup de pouce c’est tout à fait envisageable.
Et là je vais défendre un de mes grands principes. Oui, un enfant peut tenir un couteau, même un cutter. J’ai fait partie de ces enfants à qui on a appris très tôt à être responsable et sérieux face à certaines situations. Le résultat est là (merci papa maman chéris) : aujourd’hui je peux bricoler et me débrouiller chez moi, et trouver des solutions pour dépanner sans forcément appeler mon conjoint ou le voisin qui a bac+5 en perceuse.
J’en reviens à ma cuisine. La première fois que j’ai fait un gâteau avec un petit, il a fait tomber le plat par terre. Heureusement, j’avais prévu le coup je lui avais mis des gants, des chaussons, un vrai guerrier samouraï. Mais le résultat je l’ai vu, il n’a plus jamais fait tomber le plat. Et il avait 2 ans. Et il savait m’aider à faire un gâteau.
Sans forcément aller jusqu’à casser toute la vaisselle, la cuisine est un bon moyen d’apprendre : apprendre à manipuler les plats, à choisir les meilleurs ingrédients, à les marier ensemble, etc. Faire la cuisine avec les enfants c’est leur donner l’occasion de comprendre comment on fait quand on est chez soi, qu’on a faim et qu’on veut se faire à manger. Depuis le choix de la recette, jusqu’au morceau dans la fourchette, en passant par les nombreuses étapes comme la promenade au marché, ou au supermarché, voici de quoi apprendre à vos bambins. Parce que les apprentissages autonomes concernent aussi l’apprentissage de la vie quotidienne.
3/ Choisir une sortie
La sortie en-dehors de la maison est pour toute la famille l’occasion de souffler. Et comme vous qui profitez de cette bouffée d’air frais pour vous vider la tête, votre enfant lui adore vous arroser de mille et une questions sur ce qui l’entoure. Il n’y a rien de mieux ! Un peu de courage, chaque minute est un apprentissage.
Que ce soit pour aller au musée ou au parc, chaque occasion est bonne pour laisser votre marmot poser toutes ses questions. Sans en profiter pour lui faire un exposé en 20 points, vous pouvez alors lui apporter les réponses qu’il attend. Ayant lui-même posé la question, il sera d’autant plus attentif.
Et pour qu’il les pose ces questions, rien de mieux que de le laisser choisir la sortie. Si celle-ci est propice aux questions, comme mes exemples du musée et du parc. Le laser game fera beaucoup moins l’affaire, bien que là encore il apprendra autre chose mais des questions il n’y aura point… Car s’il choisit sa propre sortie, cela signifie que son intérêt est déjà au maximum. Rien de plus facile pour vous. Vous pensiez le trainer au musée des jolis cailloux à coups de pleurs et de cris ? Ouf c’est lui qui choisit, cela va vous faciliter les choses.
Une fois dedans, il y aura forcément quelque chose qui va l’intéresser. Là encore, ne pas hésiter à le laisser faire son propre parcours, tant pis si on ne fait pas les cailloux jaunes ce sera peut-être pour une autre fois. Sans oublier les outils ludiques déjà proposés par le musée, là encore sans forcer car ces outils sont conçus pour les enfants en général mais ils ne les intéressent pas tous.
A chaque question, on peut regarder ensemble ou même le laisser lire le cartel pour trouver la réponse, c’est aussi un apprentissage que de lire un panneau dans un musée, de chercher l’information dont on a besoin.
4/ Choisir ses lectures
On apprend beaucoup de choses dans les livres, et on apprend aussi à lire bien sûr.
Je suis un super exemple de la lecture. Ma mère en avait marre car il fallait m’emmener à la bibliothèque tous les après-midis. Vive ma maman qui n’a jamais failli et qui m’a laissé dévoré tous les livres que je voulais, qui m’a suivi à la bibliothèque tous les jours de la semaine, qui s’asseyait tranquillement pendant des heures le mercredi et le samedi après-midi pendant que je lisais mes bouquins directement avant d’en emprunter d’autres lorsque la bibliothèque finissait par fermer. Résultat ? J’étais nulle en français à l’école. Pourquoi ? Parce que j’avais appris à lire avant, que je maitrisais l’orthographe bien avant qu’on m’apprenne les règles. Du coup je ne pouvais pas restituer les règles, en revanche je n’ai jamais eu moins de 20/20 en dictée…
Aujourd’hui, je suis toujours plutôt bonne en orthographe (jugez vous-mêmes), j’écris des articles sur ce blog, j’ai par ailleurs rédigé deux mémoires aussi pour mes études, bref là-dessus pas de problèmes. Pourtant je suis toujours incapable de restituer les règles de français. Autant j’adorais l’école, autant je détestais le français, berk berk berk.
Avec votre enfant c’est pareil. La bibliothèque, s’il a envie. Et même une fois là-bas, les BD c’est très bien. Tintin c’est plein de textes par exemple !! Les images ce n’est pas fait pour empêcher les enfants d’apprendre à lire. Et puis peut-être que la bibliothèque ce n’est pas la meilleure solution. Il préfère être abonné à un magazine ? Pourquoi pas après tout. Il y en a des très sympathiques : Géo Ado, Petit Léonard, Dada, Arkéo Junior, La Hulotte, Olalar, … et si c’est Le Journal de Mickey après tout on lit aussi dans le Journal de Mickey…
5/ Abandonner les chaînes TV
Ah les chaînes TV d’aujourd’hui… le problème ce ne sont pas forcément les programmes (quoi que…) mais tout simplement le manque de choix…
Avec certains programmes pré-conçus, votre enfant peut choisir parmi une sélection. Et ouf, il n’ira pas zapper sur la chaîne d’à côté et malencontreusement tomber sur un porno (expérience vécue). Et il y a de tout : entre les programmes éducatifs, les programmes détente… Votre enfant peut à la fois apprendre des choses très intéressantes qu’il choisit lui-même, mais aussi apprendre à choisir tout simplement.
Vous n’êtes pas trop pour les écrans ? Et c’est normal, moi aussi j’hésite. Malheureusement c’est de plus en plus dur de dire aux enfants de ne pas regarder la TV ni d’aller sur l’ordinateur quand les adultes y sont quotidiennement. Les enfants imitent les grands, avant de leur dire non il faudrait déjà que je change de métier…
6/ Mettre à disposition du matériel créatif varié
Si un crayon et un papier suffisent amplement à un grand dessinateur, je trouve personnellement que c’est un peu frustrant pour les enfants. Alors oui c’est vrai au début juste un crayon suffit pour avoir de magnifiques œuvres d’art sur les murs, mais une fois l’expérimentation des premiers dessins passée, il est temps de proposer des choses plus variées pour de nouvelles expériences.
Je pense par exemple aux paillettes, outil beaux-arts de prédilection des enfants. Normal, ça brille. Mais pas que, crayons dorés, crayons feutres, crayons de couleur, pastels, peintures en tout genre, l’important encore c’est la variété des outils. Et par exemple vous avez déjà pensé à acheter du fusain ? C’est rigolo ce qu’on peut faire avec du fusain… C’est encore mieux que la craie parce que le fusain on peut noircir la feuille et ensuite on se sert des doigts comme gomme… Excellent.
Et pourquoi pas donner à son enfant un carnet à croquis ? Comme un journal qu’il peut remplir au fur et à mesure avec ses propres dessins, ses propres expérimentations…
7/ Choisir les livres d’apprentissages.
Pour ceux qui ont des enfants déscolarisés, vous ferez peut-être le choix de livres d’apprentissages pour les matières scolaires. Il existe tellement de marques et de possibilités. Car il y en a plein de sortes, avec des méthodes différentes. Parfois compilés par matières, parfois mélangés. Certains seront adaptés à votre enfant, d’autres non. Avant de vous laisser tenter par toute une gamme de livres, à vous de voir comment réagit votre enfant. S’il n’y touche pas du tout c’est qu’il faut peut-être songer à changer de livre, voire le laisser choisir dans le rayon.
Aujourd’hui il existe tellement de possibilités qu’il vous sera facile de trouver quelque chose qui lui plaît. Sinon il y a le risque qu’il ne l’ouvre jamais.
8/ Aller se promener. En ville ou à la campagne.
J’ai déjà parlé de la sortie culturelle au musée des jolis cailloux (ne vous y trompez pas, j’adore la géologie, je trouve les cailloux passionnants en vrai). Quand on pense à sortie, on pense souvent soit à la nature (au parc ou en forêt), soit aux sorties culturelles. Parce que la ville c’est vrai on peut en avoir marre mais elle offre aussi un cadre merveilleux d’apprentissage, et pas seulement dans les musées.
En effet, dans les deux cas, qu’on vive en ville ou à la campagne, c’est l’occasion de partir à la découverte de son environnement. La nature pour la campagne, un formidable terrain de questions (encore oui) autour des animaux, des plantes, des petits insectes… Mais pour la ville c’est tout aussi bien : que ce soit rentrer au gré de sa ballade dans les monuments qui attirent votre enfant (et des vôtres aussi, rien n’interdit de partager). Mais aussi prendre le métro, apprendre à se servir du plan… la ville aussi est un formidable lieu d’apprentissages !
9/ Choisir une activité extra-scolaire
Encore une possibilité avec des choix multiples ! Sport ou activité artistique, il y en a pour tous les goûts : danse, théâtre, cirque, … et même aussi des cours de langue ou de cuisine, et pourquoi pas de couture. Certains sont chers mais les municipalités ont souvent beaucoup d’offres plus adaptées au portefeuille de chacun. Choisir une activité permet de se lancer dans des projets et de se spécialiser dans quelque chose, de se faire des amis avec qui partager une passion commune, bref les activités extra scolaires sont aussi une mine d’apprentissages autonomes.
10/ Et au gré de vos envies et de vos surprises du moment !
Le mieux est encore de se laisser porter au gré de ses envies. Toujours proposer un cadre riche et varié. Et parfois même partager ses propres passions avec ses enfants.
Mais ne vous inquiétez jamais : si votre enfant n’est pas réceptif ce n’est pas qu’il n’aime pas. Peut-être qu’il n’était pas disponible dans sa tête, peut-être que ce n’était pas le meilleur moment, mais en tout cas il saura que cette possibilité existe, et voudra peut-être retenter l’expérience une autre fois.
Prenons l’exemple des jeux. Vous adorez Perlimpimpin au pays des dinosaures ? Mais votre enfant ne jure que par Sherlock résout l’enquête, voilà qui devrait vous donner une idée du genre de jeux que préfère votre enfant. Mais cela devrait aussi vous donner des indices quant au genre de méthode qui pourront faciliter d’autres apprentissages plus ou moins obligatoires (complètement au hasard : les maths…).
C’est en faisant attention à ses préférences et ses choix que vous saurez apporter les bonnes propositions à votre enfant. Parfois on se trompe aussi. Mais l’avantage c’est qu’on peut toujours recommencer lorsque le moment sera plus propice. L’important étant de comprendre au fur et à mesure comment l’enfant fait ses choix et vers quels outils il préfère se diriger.
Merci pour la lecture de cet article ! N’hésitez pas à aller jeter un coup d’œil sur le blog de Sandrine et Christophe en cliquant ici, un très bon blog sur l’apprentissage par le jeu et où ils parlent aussi de leur expérience de déscolarisation.
Vous pouvez aussi télécharger ici le petit livre qui regroupe les articles de 8 blogueu.rs.ses spécialisés sur le sujet !
Et si vous aussi vous avez des idées personnelles de propositions pour faciliter les apprentissages autonomes de vos enfants, vous pouvez les partager en commentaire en-dessous !
« sans forcément appeler mon conjoint ou le voisin qui a bac+5 en perceuse »
ahaha tu m’as bien fait rire! Merci 🙂
Et merci pour ton article vraiment très riche et complet!
il y a de quoi faire en effet!!
A bientôt
Giacomo