Que vous ayez choisi l’école à la maison ou même de participer activement à l’éducation de votre enfant, l’apprentissage culturel est important pour son développement. Et puis il est obligatoire.
Mais parfois cette notion de culture est un peu floue et peut devenir un véritable casse-tête pour savoir ce que concrètement l’enfant a besoin en termes d’éducation culturelle.
Dans cet article, j’essaye de revenir un peu sur ce que l’Education nationale entend par « culture » et puis je vous donne quelques conseils pour pouvoir aborder plus facilement les notions de culture en famille.
Mais d’abord…
C’est quoi l’éducation culturelle ?
La loi exige que tous les enfants âgés de 6 à 16 ans en France doivent recevoir une instruction. Que vous choisissiez de les placer à l’école ou bien de faire l’école à la maison, ou encore à distance, l’enfant doit acquérir des connaissances qui sont inscrites dans le « Socle commun de connaissances, de compétences et de culture ».
Que vous ayez choisi l’école à la maison ou que vous souhaitiez tout simplement vous impliquer activement dans l’éducation de votre enfant même s’il est placé à l’école, il y a toujours dans ce socle commun, un mot à la fois très prometteur et excitant et à la fois très angoissant parce qu’il est un peu flou : culture.
Qu’est-ce que la loi française entend par socle commun de culture ?
Le mot « culture » dans le socle commun est une des trois dimensions de l’éducation. Le premier pilier, celui des connaissances, concerne les savoirs. Par exemple : la prise de la Bastille a eu lieu en juillet 1789. Le deuxième, celui des compétences concerne les capacités cognitives dont les capacités à mener un raisonnement. Et le troisième alors ? Et bien c’est l’ensemble des acquisitions liées à l’expérience citoyenne destinées à favoriser l’intégration dans la société.
Tout cela forme un socle commun, donc ce qui doit être acquis par tous à 16 ans.
Mais alors qu’est-ce qui doit être appris en termes de culture aux enfants ?
Le mot en lui-même n’aide pas beaucoup. Même l’Education nationale se mélange entre le fait de socialiser les enfants et leur donner un socle commun de valeurs et d’attitudes en société ou bien de leur apprendre à s’approprier l’héritage de notre humanité par la pratique des arts et de la culture.
En fait pour réunir toutes ces définitions, l’Education nationale attend qu’à 16 ans, votre enfant soit capable de communiquer avec les autres, de s’exprimer par différents langages (le corps, la voix, les travaux manuels, etc.), mais aussi de contribuer à la vie citoyenne : avoir une opinion et défendre une idée, se comporter selon les règles de société, etc. et puis enfin de reconnaitre le monde qui l’environne de près ou de loin et avoir des repères géographiques et historiques. Tout cela fait partie de la notion de culture pour l’Education nationale.
Ce qui veut dire que oui, l’éducation à la culture se trouve partout et tout le temps.
Et concrètement ?
Et bien concrètement l’Education nationale transpose les trois piliers du socle commun dans les disciplines scolaires, car elle est plutôt centrée sur la transmission des savoirs disciplinaires plutôt que sur l’expérience de la personne.
Donc l’éducation à la culture se trouve finalement dans toutes les matières. Mais s‘il fallait en retenir certaines où la dimension culturelle est plus présente alors il s’agirait des arts plastiques, de l’éducation musicale, des langues et de l’histoire-géographie-enseignement moral et civique. En plus, le ministère de la Culture et celui de l’Education ont mis en place ensemble le programme d’éducation artistique et culturelle, désormais obligatoire dès l’école primaire, qui complète les enseignements artistiques par des actions éducatives : projets artistiques, ateliers, résidences d’artistes, sorties culturelles, etc.
Et au fait à quoi ça sert l’éducation à la culture ?
Mais à tout en fait ! Cela va aider votre enfant à s’exprimer, avec son corps, avec ses mains, avec sa voix. Mais aussi à avoir une meilleure compréhension des représentations du monde et de l’activité humaine, comment nous sommes arrivés là, comment nous vivons, où est-ce que nous allons. Et puis cela va aussi lui servir à s’ouvrir aux autres, aux points communs et aux différences, au partage et à l’expérience sociale en générale.
Plus votre enfant s’intéresse aux arts et à la culture, plus il possède de références dans de nombreux domaines, et plus il sera capable de se connaître, de faire des choix, adaptés à ses envies et ses besoins. Bref, grâce à l’apprentissage culturel, un enfant s’épanouit et maîtrise sa vie. C’est important dans notre contexte actuel, où nous sommes angoissés à l’idée que nos enfants ne s’en sortent pas avec toute cette pression sociale.
Et puis la culture ça sert aussi à se défouler, à s’échapper du quotidien et de la routine, à développer son imaginaire et à s’offrir finalement des moments uniques où toute pensée est permise. C’est essentiel pour le bien-être de tout individu.
Et les parents dans tout ça ?
Autant les enfants changent de professeur tous les ans, autant ils ne changent pas de parents. Les parents sont des repères pour leurs enfants. Vous jouez un rôle très important dans l’éducation de votre enfant et cela vaut aussi pour l’apprentissage de ce fameux socle commun.
Si vous avez fait le choix de placer votre enfant à l’école, vous pouvez aussi pleinement participer à son éducation. Vous avez déjà l’obligation d’accompagnement aux devoirs scolaires. Mais vous pouvez aussi compléter ce qu’il apprend déjà à l’école par d’autres notions qui vous tiennent à cœur.
Certains parents font le choix de mettre leurs enfants dans des activités extra-scolaires comme les activités sportives ou culturelles après l’école. Mais vous pouvez très bien remplir ce rôle vous-mêmes. Cela vous permettra de passer plus de temps avec votre enfant, et de partager des expériences communes. Ainsi d’une certaine manière, vous contrôlez un peu plus ce qu’apprend votre enfant.
C’est bien beau tout ça et ça donne envie mais concrètement ça peut faire peur, alors voici maintenant des conseils pour que ça devienne plus facile.
15 conseils pour facilité l’éducation culturelle
1. Ne pas sélectionner
Laissez-vous aller à la découverte. Laissez-vous porter par les opportunités. N’imposez pas mais proposez tout. L’important c’est la variété pour que votre enfant puisse s’ouvrir au maximum. Imposer risque de frustrer. Mais vous pouvez dans cette variété privilégier ce que vous aimez vous. Car même s’il faut proposer de tout, certains thèmes vous passionnent moins et cela se ressent par l’enfant.
2. Multipliez les approches
Dans toute la variété de thèmes que vous pouvez aborder, essayer de varier aussi les formes : activité à la maison, en extérieur, sortie culturelle, activité individuelle ou en groupe, manuelle ou plus intellectuelle. Ou encore prolonger telle activité par une visite au musée, ou directement sur le terrain si vous le pouvez. Aller au spectacle, voir un concert, au théâtre, l’inscrire à une activité sportive, ou artistique, etc etc. Vous pouvez aborder un thème, mais aussi rencontrer des acteurs qui travaillent sur ce thème pour rencontrer, échanger, observer, ressentir, comprendre ce qu’on voit ou juste apprécier.
Parce qu’on ne peut pas savoir à l’avance ce qui va inspirer un enfant, ce qui va le nourrir dans sa vie. Il faut lui proposer la plus grande diversité de thèmes et d’approches. C’est lui ensuite qui choisira ce qu’il préfère et qui se construira.
3. Demandez-leur !
Et oui parfois il suffit de demander à votre enfant ce qui lui plairait. Vous pouvez aussi choisir ensemble. Plutôt que de proposer, vous pouvez les inciter à rechercher eux-mêmes leurs intérêts. Accompagnez-les en leur montrant les clés : sélectionner un film dans le programme TV, choisir un livre à la bibliothèque, un CD, offrir une carte de cinéma, un abonnement à un magazine, voir ensemble les activités proposées par la ville où vous habitez, inciter à regarder les sites internet des expositions alentours.
4. Faites confiance aux professionnels
Si vous n’êtes pas familier de ce terrain ou que vous avez peur, pourquoi ne pas commencer par faire confiance à ceux qui s’y connaissent ? Les médiathèques par exemple sont des lieux qui proposent souvent des activités gratuites autour des livres et qui ont de bons résultats. Viennent ensuite les musées avec les ateliers pour les enfants qui font découvrir des thèmes selon leurs expositions. En plus, vous gagnerez en expérience en observant directement ce qui marche avec votre enfant : pédagogie de l’animateur, thèmes qui l’intéressent plus que d’autres, …
5. Utilisez le jeu !
On l’a démontré partout ! Dans les magazines, les émissions, sur les blogs de parentalité positive, … ceux qui ont fait l’école à la maison le disent, c’est plus facile d’apprendre par le jeu ! Vous pouvez trouver beaucoup de ressources sur Internet, notamment sur les blogs comme celui-ci qui vous donnera déjà quelques possibilités, mais aussi sur les forums d’animateurs ou de professeurs. Le jeu rend l’apprentissage moins contraignant et facilite l’acquisition des connaissances. Et puis pour les compétences, il apprend aussi beaucoup de choses : échange, partage, réflexion, travail de groupe, logique, etc. etc.
6. Lisez des histoires
Les livres pour enfants regorgent d’histoires qui font référence à une autre culture que la sienne. Vous en trouvez beaucoup dans la médiathèque à côté de chez vous. Si certains peuvent être très fictif et peu refléter la réalité, il y en a de plus en plus qui sont écrits exprès dans le but de la découverte des autres cultures.
7. Utilisez ce que vous avez sous la main
Pas toujours facile d’innover. Mais parfois le quotidien suffit. En posant des questions par exemple, ce qui va éveiller la curiosité de votre enfant. Par exemple, pour les plus jeunes : « est-ce que tu sais d’où viennent les ananas ? » ou encore « est-ce que tu penses que tout le monde mange avec une fourchette et un couteau ? » etc etc. Imaginez des questions autour du quotidien que votre enfant connait déjà. Par-ci par-là de temps en temps. Préparez-les à l’avance. Si vous ne savez pas les réponses, vous pourrez ainsi regarder sur Internet.
8. Les arts et la culture en mode projet
Une activité ponctuelle c’est bien. Mais il faut aussi proposer des projets. Par exemple quand on inscrit son enfant à une activité qui va se répéter toutes les semaines (un cours de danse, ou un cours de dessin par exemple), le professeur le fait travailler sur un projet qui va durer plusieurs séances. On peut faire la même chose à la maison.
La durée des projets varie en fonction du thème sélectionné, et puis de la fréquence aussi. Cela peut durer toute la semaine, ou un jour par semaine pendant un mois, ou pendant un an !
Travailler sur un projet permet à l’enfant d’aborder un thème sur le long terme, de s’investir et de mesurer son degré d’investissement dans l’activité, mais aussi de progresser et de mesurer ses progrès lui-même, d’avoir envie de continuer, d’approfondir, de chercher des solutions au fur et à mesure pour mener le projet à bien, et finalement d’apprendre à apprendre.
9. Variez les moments de la journée
Une activité culturelle donnée par un professeur ne dure pas plus de 3 heures (le dessin par exemple), parfois même seulement 30 minutes (les cours de musique par exemple). Et même ces durées varient en fonction de l’âge de l’enfant. Un cours de dessin ne durera pas plus d’une heure avec un très jeune enfant. Faites de même à la maison. Il vaut mieux ne pas passer trop de temps sur la même activité dans la journée et revenir dessus une autre fois.
Les activités culturelles sont fatigantes, tout autant que les autres matières. Car même si on pense à loisir, il y a autant d’apprentissage. Ce n’est pas parce qu’on s’amuse que le cerveau ne fatigue pas. Faites des pauses, passez à une autre matière ou un autre thème d’apprentissage.
10. Mais prenez le temps quand même
Les activités culturelles et artistiques prennent du temps car elles font à la fois fonctionner les processus cognitifs (mémoire, réflexion, etc.) mais aussi les mouvements du corps (pour les activités manuelles, le sport, les activités d’expression artistique en général) et bien d’autres choses encore. C’est pour ça qu’elles sont aussi de formidables vecteurs d’apprentissage.
Vous l’avez peut-être remarqué mais pour obtenir des résultats il faut être très patient. En revanche, une fois les résultats obtenus, ils s’oublient difficilement ! Une fois que vous savez faire du vélo, vous saurez en faire toute votre vie. Le dessin se perd mais se reprend très vite aussi car le corps se souvient ! Vous l’avez compris, ce n’est pas en forçant toute une journée que vous aurez des résultats mais en revenant régulièrement dessus.
11. Partagez
De temps en temps, si vous le pouvez, faites des choses ensemble. Cela favorise les moments conviviaux qui sont toujours plébiscités par les enfants et moins vus comme des contraintes. Allez voir des spectacles ensemble plutôt que de laisser l’enfant tout seul. Encouragez-le à son atelier et demandez-lui ce qu’il a fait. Faites même un atelier ensemble ! Et puis cela permet d’accompagner, connaitre ses gouts, ses envies et lui les vôtres également. Et surtout de partager votre expérience ensuite.
12. Ne vous laissez jamais abattre.
Déjà parce qu’il faut de la patience. Mais aussi parce que oui il va sûrement résister à un moment ou un autre. Surtout à l’adolescence ou le refus est inévitable car il permet à l’adolescent de s’affirmer face aux adultes. Il faut être fin stratège parfois ! Négocier un peu (avant de retourner sur l’ordinateur, viens faire un peu de jardin avec moi, tu vas voir c’est sympa), varier les plaisirs (oui bon le jardin tu en as marre, allons plutôt faire une petite balade dans la forêt en famille) et les associer (et après la visite au musée on ira tous manger une crêpe !).
13. Faites appel à la culture populaire
Il y a des moyens très simples d’intéresser votre enfant à un sujet dont il a peu l’habitude. La culture populaire ! Toutes ces séries, films, livres, jeux, magazines que l’on peut voir partout et qui deviennent rapidement des références. Il y en a sûrement aussi sur le thème que vous avez choisi d’aborder cette semaine. Ceux qui sortent ces séries ou films très connus de tous, c’est parce qu’ils savent intéresser leur public, ils sont très bons en marketing car ils sont là pour vendre il ne faut pas l’oublier ! Parfois les sujets sont vraiment ridicules mais ils ont l’avantage d’intéresser ! A vous de vous en servir c’est vraiment plus facile.
14. Utilisez ses références et ses centres d’intérêts
Votre enfant est fan d’un sport ? Il vous suffit de vous en servir pour le détourner à votre avantage. Partez de ce qu’il connait pour lui montrer quelque chose de nouveau. Les sports par exemple sont des moyens plutôt faciles d’aborder la géographie : drapeaux, pays, …
15. Faites-leur ressentir quel est l’intérêt pour eux
Je reproche beaucoup à l’Education nationale de nous inculquer des savoirs sans nous faire comprendre à quoi ça va nous servir. Si vous n’avez jamais entendu votre enfant dire « ça me servira à rien de toute façon » alors envoyez-moi un mail et je corrige tout de suite cette phrase !
Par exemple selon les professeurs de maths, on n’apprend pas aux élèves la géométrie pour qu’ils retiennent ce qu’est une propriété ou une réciproque, mais pour leur inculquer une compétence de réflexion, d’acheminement et de méthode. Ce ça qui leur servira effectivement… toute la vie !
Parfois on ne perçoit pas vraiment ce qu’on apprend. N’hésitez pas à en discuter avec votre enfant. Peut-être qu’il ne perçoit pas l’intérêt de faire du jardinage. A vous de lui montrer en quoi ça va lui servir. Dites-lui que l’activité artistique qu’il fait demande de la patience oui mais que au-delà de savoir dessiner, peindre ou autre, il réalise un projet, il s’exprime, il pourra ressentir les progrès et le travail accompli et plus tard, il pourra faire de même pour n’importe quel autre projet même si ce n’est pas un projet artistique mais professionnel par exemple. Dites-lui que oui c’est vrai peut-être qu’il n’ira jamais au Japon mais que s’ouvrir aux autres cultures lui permet d’élargir son horizon, de se dire qu’il existe d’autres modes de vie, d’autres règles de vie, dont il peut aussi s’inspirer, que cela lui permet d’avoir une réflexion critique et donc d’établir sa propre vision de la société.
Il va résister encore c’est sûr mais un jour (peut-être à 30 ans) il dira à ses amis que grâce à ses parents, lui au moins il sait faire pousser ses légumes.
Si vous avez d’autres conseils à apporter sur l’éducation en famille des arts et de la culture, partagez-le dans les commentaires !
Cet article participe à l’évènement “L’Instruction en Famille » du blog apprendre-par-le-jeu.com. J’apprécie beaucoup ce blog et les jeux proposés dessus pour faciliter l’apprentissage scolaire. Je vous conseille de lire cet article qui vous aidera à créer vos propres jeux pédagogiques.
Les articles des autres blogueurs sur le thème de l’instruction en famille ont été réunis dans ce petit livret téléchargeable.
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